Culture / Antigone’s rising, The subversive power of the ancient myths de Helen Morales

Antigone’s rising, The subversive power of the ancient myths • Helen Morales • 2020

The picture of classical antiquity most of us learned in school is framed in certain ways — glossing over misogyny while omitting the seeds of feminist resistance. Many of today’s harmful practices, like school dress codes, exploitation of the environment, and rape culture, have their roots in the ancient world.

But in Antigone Rising, classicist Helen Morales reminds us that the myths have subversive power because they are told — and read — in different ways. Through these stories, whether it’s Antigone’s courageous stand against tyranny or the indestructible Caeneus, who inspires trans and gender queer people today, Morales uncovers hidden truths about solidarity, empowerment, and catharsis.

Antigone Rising offers a fresh understanding of the stories we take for granted, showing how we can reclaim them to challenge the status quo, spark resistance, and rail against unjust regimes.

Après s’être posé la question de savoir si les Grecs ont réellement cru à leurs mythes, il est temps désormais d’explorer le pouvoir des mythes avec cet ouvrage de Helen Morales. Ce dernier est un énorme coup de cœur. J’ai déjà présenté de nombreux ouvrages autour de l’impact de la mythologie gréco-romaine sur notre société, notamment en matière de politique, littérature, de philosophie et d’art. Les approches sont très diverses, selon les sensibilités de l’auteur.

Helen Morales, professeur à l’université de Santa Barbara en Californie, est également une activiste et féministe engagée et militante et son essai s’en ressent. Il est bien un cran au-dessus de Pandora’s jar de Natalie Haynes dans ce domaine. En effet, elle prend des positions forces, parfois très revendicatrices, et il faut vraiment apprécier ce genre d’ouvrages pour aimer celui-ci. Le livre peut ne pas plaire à tous sur ce point. Il est énormément question de problématiques sociétales qui peuvent profondément toucher le lecteur et sur lesquelles la société est quelques fois divisée. Helen Morales a, par ailleurs, un côté qui est, de temps à autre, relativement provocant, ou qui vient bousculer. Personnellement, j’ai beaucoup aimé cet aspect du livre qui propose une autre vision de la mythologie gréco-romaine et de notre société.

Les huit chapitres qui composent Antigone’s rising abordent des sujets différents, mais d’actualité : le mouvement des incels ou célibataires involontaires, la grossophobie, le contrôle des corps des femmes dès leurs plus jeunes âges, notamment par le biais des règlements des établissements scolaires, etc. Ce dernier chapitre est celui que j’ai préféré, car il a eu des résonances sur un sujet sur lequel j’ai pu me pencher. J’ai trouvé les réflexions de l’auteur vraiment intéressantes d’un point de vue historique, sociologique…

De manière générale, j’ai apprécié sa démonstration sur la manière dont les mythes ont joué un rôle de premier plan sur nos sociétés actuelles, mais pas forcément dans une vision positive, contrairement à ce que j’ai pu lire jusqu’à maintenant. Les mythes et la société gréco-romaine sont souvent abordés dans une dimension avantageuse en mettant en avant les apports faits à la culture occidentale. Chez Helen Morales, il y a une vision plus sombre, qui montre la face cachée de ces histoires, comment elles ont également formé les normes sociales en vigueur qui ont permis le renforcement du patriarcat et l’oppression de la femme. « The Greek and Roman myths have become embedded in, and an influential part of our culture. They form their foundations and scaffolding of the beliefs that shape our politics and our lives. These can be limitating and destructive but also inspirational and liberating. »

J’ai beaucoup aimé sa vision des mythes, de manière générale. Pour elle, ils sont encore pertinents aujourd’hui, car ils peuvent apporter un nouvel éclairage sur le monde qui nous entoure. C’est vraiment ce que j’ai ressenti durant cette lecture. Même des millénaires après, ils nous apprennent encore des choses sur nous-mêmes. Elle écrit que « what makes a myth a myth, rather than just a story, is that it has been told and retold over the centuries and has become meaningful to a culture or a community. » Je ne pense pas que ce soit une coïncidence que depuis quelques années les mythes grecs connaissent une renaissance par le biais de nombreuses réécritures d’un point de vue féminin.

Les mythes sont faits pour évoluer et être appropriés de manière différentes. Elle termine son introduction par un petit paragraphe que j’aime beaucoup. « These re-creations of ancient myths ask over and over who own classical antiquity ? Who owns culture ? The response : we do. » C’est ce que j’aime dans les réécritures : voir comment l’auteur s’empare de cette histoire, la transforme.

Laisser un commentaire