J’accuse • Robert Harris • 2013
Par un froid matin de janvier 1895, on dégrade un traître à l’École militaire. Partout, des cris : » À mort le Juif ! » Sur le visage d’Alfred Dreyfus, accusé d’espionnage et à qui l’honneur vient d’être enlevé, rien ne se lit. Pour chacun ici présent, l’affaire est close.
Mais pour Georges Picquart, elle ne fait que commencer. Promu à la tête de la section de statistique, celle-là même qui confondit Dreyfus, le colonel met au jour faille sur faille dans le dossier. Sa conviction d’homme d’honneur ? Un innocent croupit sur l’île du Diable. Contre les préjugés, contre l’Armée, contre un pays tout entier, Picquart s’entête dès lors à faire surgir l’indicible vérité…
Robert Haris est un auteur dont j’apprécie énormément les livres. Je n’ai pas encore lu l’intégralité de sa bibliographie, mais j’ai déjà pu me régaler avec Fatherland et sa trilogie autour de Cicéron. Je continue ma découverte de son œuvre avec J’accuse, dont le titre fait écho au célèbre article d’Émile Zola sur l’affaire Dreyfus.
Ce roman nous replonge dans cette sordide affaire qui a eu lieu entre 1894 et 1906, et qui commence par une affaire d’espionnage. Cette dernière se transformera en un véritable conflit social et politique entre dreyfusards et anti-dreyfusards, montrant également l’antisémitisme qui frappe la société française à la fin du XIXe siècle et qui ira crescendo dans le siècle suivant.
L’auteur a fait un excellent travail de recherches historiques pour rendre compte de cette affaire qui a duré plus de dix ans et qui a connu de nombreux bouleversements et renversements de situation. La chronologie est très importante et pas forcément aisée à avoir en tête, car il y a aussi eu des dates qui ont été évoquées, mais qui ont été changées pour mieux accuser Dreyfus. J’avais peur que la version audio me perde un peu, mais cela n’a pas été le cas. L’auteur est très clair dans ses propos et n’hésite pas à revenir sur la chronologie quand le besoin se fait sentir, quand l’affaire est à nouveau évoquée ou d’autres preuves sont mises à jour…
Par ailleurs, j’ai trouvé sa description du contexte historique excellente. Je n’avais aucun mal à m’imaginer la société de cette fin du XIXe siècle, ainsi que les lieux et les personnages. En effet, les descriptions sont vivantes et visuelles. Je n’ai pourtant pas vu l’adaptation cinématographique de Roman Polansky, sortie en 2019. L’écriture a, en tout cas, ce caractère très cinématographique et dynamique. Je ne me suis pas ennuyée et j’ai plongé avec plaisir dans cette histoire.
Une fois prise dans ce roman, il m’a été impossible de le mettre trop longtemps de côté. Robert Harris relance constamment l’intérêt pour les personnages et les évolutions de l’affaire. Il arrive à y injecter beaucoup de tension, des sentiments d’urgence et de danger. Même en connaissant les événements et les responsables, ainsi que le coupable, il y avait une touche de mystère que j’ai énormément apprécié. J’avais peur de ressentir une pointe d’ennui à ce sujet, mais cela a été tout le contraire. Je me suis énormément investie auprès du colonel Picquard pour faire réviser le dossier. Je suis passée par tous les sentiments durant cette lecture : l’espoir de voir la vérité enfin éclatée, l’incompréhension face aux réactions de certains hauts gradés militaires, la colère devant les fausses accusations…
J’accuse est un roman prenant qui m’a replongé dans cette affaire qui a profondément marqué et divisé la France. Robert Harris signe un très bon roman historique.