Culture / The Children of Jocasta de Natalie Haynes

The Children of Jocasta • Natalie Haynes • 2017

Jocasta is just fifteen when she is told that she must marry the King of Thebes, an old man she has never met. Her life has never been her own, and nor will it be, unless she outlives her strange, absent husband.

Ismene is the same age when she is attacked in the palace she calls home. Since the day of her parents’ tragic deaths a decade earlier, she has always longed to feel safe with the family she still has. But with a single act of violence, all that is about to change.

With the turn of these two events, a tragedy is set in motion. But not as you know it.

Natalie Haynes propose une autre réécriture de la mythologie grecque, autour de la figure de Jocaste, cette fois-ci. Il y a du bon, mais il y a d’autres points qui m’ont laissé un peu plus dubitative par rapport à l’histoire originale.

En effet, le mythe d’Œdipe repose sur l’inceste entre une mère et son fils, qui tue en amont son père. Ce sont deux essentiels de l’histoire, que je m’attendais à retrouver dans cette réécriture. Sans ça, quelle histoire ? Or, ces deux points sont décevants. En premier lieu, le meurtre du roi de Thèbes est essentiel dans le mythe, car c’est cette prédiction qui va déclencher les événements. Or, dans ce roman de Natalie Haynes, il s’agit plus d’un accident que d’un meurtre. À la rigueur, je peux encore comprendre ce subtil changement par rapport au mythe, même si je trouve le meurtre plus fort symboliquement. En revanche, le deuxième point passe beaucoup moins.

C’est-à-dire l’inceste. C’est un sujet évidemment tabou, qui peut mettre mal à l’aise le lecteur. Le mythe a aussi ce rôle d’être cathartique, de constituer des histoires autour de comportements condamnables au sein de la société, comme c’est le cas ici, ou qui donne à réfléchir, comme avec Antigone. L’inceste est au cœur du drame de Jocaste et Œdipe, avec toutes les conséquences qui en découle pour eux, mais également pour leurs enfants et la ville de Thèbes, dont ils étaient roi et reine. Occulter cet élément ou l’amoindrir, c’est enlever ce qui fait la substance du mythe, sa force, la raison pour laquelle il a traversé les âges.

Or, il est véritablement dommage que Natalie Haynes atténue ce point. Il est question uniquement de rumeurs sur un possible inceste entre Œdipe et Jocaste. Il y a un moment où une accusation est lancée, mais elle est vite démentie comme fausse, car provenant d’un personnage qui souhaite se venger du couple. À aucun moment, l’inceste est confirmé, comme dans le mythe. Alors pour quelles raisons Jocaste choisit de se suicider ? Plus à cause des « on-dit-que », du poids du regard des autres et de la dépression que de la culpabilité qu’elle ressent par rapport à l’inceste dont elle s’est rendue coupable. D’un côté, cela rappelle les problèmes actuels, notamment via les réseaux sociaux, mais, en même temps, cela vide le mythe de sa substance, de ce qui fait son intérêt, même si des tabous moraux et sociaux sont transgressés.

Il y a d’autres changements par rapport au mythe que l’auteur propose. En effet, dans The Children of Jocasta, ce n’est pas Antigone qui va à l’encontre des règles et lois de son oncle, mais sa sœur Ismène. Je ne vois pas l’intérêt de ce changement. Cela n’apporte aucun éclairage révolutionnaire sur ce mythe, déjà bien malmené par l’auteur.

Le roman se laisse appréhender aisément, et j’ai relativement apprécié des petits points par-ci, par-là. Par exemple, j’ai aimé avoir toute l’histoire de Jocaste et de ses enfants. Les deux histoires sont parfois racontées séparément avec, d’un côté Œdipe et Jocaste, et de l’autre, Antigone. Le titre me semble un peu trompeur, car il laisse penser que surtout l’après sera évoqués, alors que l’élément commun est Jocaste. J’aurai tout simplement appelé le roman de son nom. En effet, l’histoire passe de sa jeunesse, à son mariage avec le roi de Thèbes et sa vie jusqu’à sa mort. J’ai trouvé intéressant de raconter l’histoire depuis le début, pour la construction des différents personnages, pas seulement Jocaste.

Cependant, je ne suis pas totalement convaincue par la forme proposée par l’auteur pour raconter l’histoire de cette femme. Elle propose une alternance de points de vue. Deux narrations se suivent : Jocaste parlant à la troisième personne et Ismène, avec une narration à la première personne, que je préfère largement pour ce type d’histoire. Outre le fait que c’est bizarre d’avoir une troisième personnage alternant avec une première, je n’ai pas aimé ce va-et-vient non chronologique. Suivre le fil du temps m’aurait plus charmé, car il y aurait eu une gradation dans le drame et ses conséquences, un avant/après.

Par ailleurs, le roman souffre d’une petite perte de vitesse vers le milieu. Il y a eu deux ou trois soirées où j’ai eu un peu plus de mal à m’y replonger. Il se situe entre l’arrivée d’Œdipe à Thèbes et le début de sa relation avec Jocaste et le suicide de cette dernière. Il manque un peu de construction de tension à mon goût.

Mon avis peut laisser que je n’ai pas apprécié ce roman. J’ai quand même passé un bon moment de lecture, malgré les nombreuses imperfections qu’il présente.

Culture / Troy de Stephen Fry

Troy • Stephen Fry • 2020

The story of Troy speaks to all of us – the kidnapping of Helen, a queen celebrated for her beauty, sees the Greeks launch a thousand ships against the city of Troy, to which they will lay siege for ten whole years. It is a terrible war with casualties on all sides as well as strained relations between allies, whose consequences become tragedies.

J’allais un peu à reculons dans cette lecture, car il y a un mois, j’ai écouté Mythos sur Audible, dans sa version française. Je ne l’ai pas encore présenté, je le réserve pour le thème du mois d’août, autour des mythes et de leur réécriture de manière générale. Par certains, aspects, il m’avait quelque peu déplu et pas forcément donné envie de continuer la série. Heureusement, Troy s’est révélé une lecture différente où j’ai été un peu plus convaincue.

Chaque tome se concentre sur un thème bien précis. Mythos était relativement général et constitue une bonne introduction à tous ces mythes. Le deuxième tome, Heroes, s’intéresse aux héros de la Grèce antique et Troy, à la guerre de Troie. Un quatrième tome devrait sortir l’année prochaine autour de l’Odyssée d’Ulysse. Une de mes craintes après avoir lu le premier livre était d’avoir des redites. Ce n’est pas le cas. L’auteur a vraiment essayé de rester dans les thématiques définies. Il y a juste des renvois aux deux premiers ouvrages dans l’édition Penguin Classics qui, je suppose, renvoie à ceux de la même édition. Cependant, ne pas (encore ?) avoir lu Heroes n’a pas gêné ma lecture outre mesure. Quelques connaissances, même de base, suffisent amplement pour savoir de quoi il parle. Je trouve qu’ils se lisent relativement bien de façon indépendante.

Troy est un ouvrage passionnant, qui rappelle vraiment tous les éléments de cette histoire, en commençant par le commencement : les origines et la fondation de la Ville, la présentation de la dynastie régnante, ses relations avec les Dieux de l’Olympe, les raisons qui ont amené au conflit et à sa destruction complète, etc. Cet ouvrage constitue une excellente introduction au sujet et pour celles et ceux qui n’ont pas forcément envie de lire Homère.

En effet, un des autres avantages de ce livre est que Stephen Fry ne se contente pas uniquement de réécrire l’Iliade. Il compile d’autres textes et traditions qui sont en lien avec Troie : l’avant, le pendant et l’après. Il est très complet de ce point de vue. L’auteur évoque des histoires que j’ai déjà pu lire le mois dernier, notamment dans Pallas, Dans le ventre de Troie de Marine Carteron.

J’avais oublié d’autres événements comme la prophétie entourant Pâris et le sort de Troie, etc. Il y a eu quelques rappels nécessaires avant plus loin, et je ne regrette absolument pas de l’avoir lu au début du mois… Même s’il faut parfois bien suivre.

L’auteur a choisi un ordre chronologique qui est parfait pour la compréhension. Cependant, l’histoire comporte un certain nombre de personnages et de lieux. C’est souvent grâce à ce type d’ouvrages que je me rends compte à quel point les différentes histoires de la mythologie grecque sont liées entre elles, qu’il y a énormément d’histoires de généalogie, etc. J’en suis toujours très étonnée. L’intrigue se développe par le biais de petits textes plus ou moins courts. Cela permet la création d’une certaine dynamique, car le lecteur passe d’un personnage à l’auteur, d’une région de la Méditerranée à une autre.

Dans Mythos, j’avais pas apprécié outre mesure l’humour déployé par Stephen Fry. Je m’attendais certes à ce qu’il soit présent, notamment de la part de ce dernier. C’est également un humour auquel je suis relativement sensible. Cependant, dans ce dernier, j’ai trouvé qu’il était gras et en-dessous de la ceinture, mais sans jamais me faire rire. Je ne sais pas si c’est la traduction française qui a quelque peu grossi les traits, car je ne l’ai pas retrouvé dans Troy. Il y a de l’ironie et du mordant, mais pas du tout cet humour gras. Cela a joué sur mon avis final, notamment par rapport à Mythos. De ce point de vue, j’ai largement préféré Troy.

Après une déception et un autre ouvrage qui m’a plu, je ne suis pas encore décidée pour Heroes. Ce sont des livres intéressants, qui permettent d’avoir un tableau complet sur la mythologie grecque et un aspect en particulier.

Culture / J’accuse de Robert Harris

J’accuse • Robert Harris • 2013

Par un froid matin de janvier 1895, on dégrade un traître à l’École militaire. Partout, des cris :  » À mort le Juif !  » Sur le visage d’Alfred Dreyfus, accusé d’espionnage et à qui l’honneur vient d’être enlevé, rien ne se lit. Pour chacun ici présent, l’affaire est close.

Mais pour Georges Picquart, elle ne fait que commencer. Promu à la tête de la section de statistique, celle-là même qui confondit Dreyfus, le colonel met au jour faille sur faille dans le dossier. Sa conviction d’homme d’honneur ? Un innocent croupit sur l’île du Diable. Contre les préjugés, contre l’Armée, contre un pays tout entier, Picquart s’entête dès lors à faire surgir l’indicible vérité…

Robert Haris est un auteur dont j’apprécie énormément les livres. Je n’ai pas encore lu l’intégralité de sa bibliographie, mais j’ai déjà pu me régaler avec Fatherland et sa trilogie autour de Cicéron. Je continue ma découverte de son œuvre avec J’accuse, dont le titre fait écho au célèbre article d’Émile Zola sur l’affaire Dreyfus.

Ce roman nous replonge dans cette sordide affaire qui a eu lieu entre 1894 et 1906, et qui commence par une affaire d’espionnage. Cette dernière se transformera en un véritable conflit social et politique entre dreyfusards et anti-dreyfusards, montrant également l’antisémitisme qui frappe la société française à la fin du XIXe siècle et qui ira crescendo dans le siècle suivant.

L’auteur a fait un excellent travail de recherches historiques pour rendre compte de cette affaire qui a duré plus de dix ans et qui a connu de nombreux bouleversements et renversements de situation. La chronologie est très importante et pas forcément aisée à avoir en tête, car il y a aussi eu des dates qui ont été évoquées, mais qui ont été changées pour mieux accuser Dreyfus. J’avais peur que la version audio me perde un peu, mais cela n’a pas été le cas. L’auteur est très clair dans ses propos et n’hésite pas à revenir sur la chronologie quand le besoin se fait sentir, quand l’affaire est à nouveau évoquée ou d’autres preuves sont mises à jour…

Par ailleurs, j’ai trouvé sa description du contexte historique excellente. Je n’avais aucun mal à m’imaginer la société de cette fin du XIXe siècle, ainsi que les lieux et les personnages. En effet, les descriptions sont vivantes et visuelles. Je n’ai pourtant pas vu l’adaptation cinématographique de Roman Polansky, sortie en 2019. L’écriture a, en tout cas, ce caractère très cinématographique et dynamique. Je ne me suis pas ennuyée et j’ai plongé avec plaisir dans cette histoire.

Une fois prise dans ce roman, il m’a été impossible de le mettre trop longtemps de côté. Robert Harris relance constamment l’intérêt pour les personnages et les évolutions de l’affaire. Il arrive à y injecter beaucoup de tension, des sentiments d’urgence et de danger. Même en connaissant les événements et les responsables, ainsi que le coupable, il y avait une touche de mystère que j’ai énormément apprécié. J’avais peur de ressentir une pointe d’ennui à ce sujet, mais cela a été tout le contraire. Je me suis énormément investie auprès du colonel Picquard pour faire réviser le dossier. Je suis passée par tous les sentiments durant cette lecture : l’espoir de voir la vérité enfin éclatée, l’incompréhension face aux réactions de certains hauts gradés militaires, la colère devant les fausses accusations…

J’accuse est un roman prenant qui m’a replongé dans cette affaire qui a profondément marqué et divisé la France. Robert Harris signe un très bon roman historique.

Culture / Her Majesty’s Royal Coven (1) de Juno Dawson

Her Majesty’s Royal Coven • Juno Dawson • 2022

At the dawn of their adolescence, on the eve of the summer solstice, four young girls–Helena, Leonie, Niamh and Elle–took the oath to join Her Majesty’s Royal Coven, established by Queen Elizabeth I as a covert government department. Now, decades later, the witch community is still reeling from a civil war and Helena is now the reigning High Priestess of the organization. Yet Helena is the only one of her friend group still enmeshed in the stale bureaucracy of HMRC. Elle is trying to pretend she’s a normal housewife, and Niamh has become a country vet, using her powers to heal sick animals. In what Helena perceives as the deepest betrayal, Leonie has defected to start her own more inclusive and intersectional coven, Diaspora. And now Helena has a bigger problem. A young warlock of extraordinary capabilities has been captured by authorities and seems to threaten the very existence of HMRC. With conflicting beliefs over the best course of action, the four friends must decide where their loyalties lie: with preserving tradition, or doing what is right.

J’adore tout ce qui touche aux sorcières et à la magie. Cependant, je n’ai pas encore trouvé un roman qui m’a laissé un souvenir impérissable sur ces thématiques, à part peut-être le premier roman d’Alexis Henderson, The year of the witching. Cette lecture remonte déjà à quelques années, et j’avais quelques espoirs pour celui-ci.

Déjà, l’univers magique avait de quoi me charmer avec certains points qui me rappelaient d’autres ouvrages que j’ai beaucoup aimé : Rivers of London de Ben Aaronovitch et The left-handed booksellers of London de Garth Nix. L’action continue de se développer entre Londres et une autre ville de Grande-Bretagne dont j’ai oublié le nom (possiblement Manchester). J’ai tout de suite adhéré à l’idée d’un coven officiel de la reine qui m’a donné des envies de sociétés secrètes et d’espionnage magique… Toutefois, je suis restée sur ma faim de ce point de vue.

En effet, le développement de ce monde reste relativement pauvre, à mon goût. Au niveau de la narration il n’y a pas un personnage qui découvre progressivement ce nouveau monde. Les personnes que l’on suit sont dans ce dernier, en font partie depuis leur tendre enfance et appartiennent à des dynasties de sorcières depuis des générations. De ce fait, en tant que lectrice, je souhaitais avoir des éléments d’informations sur cet univers, les covens, cette guerre qui semble faire rage dans l’ombre, mais dont on ne sait rien. Il y a des événements qui sont évoqués, mais rapidement mis de côté. Aucune explication n’est donnée, sous-entendant qu’on pourrait potentiellement revenir dessus… Mais à quel moment ?

Le seul aspect que j’ai trouvé amplement développé est le coven de Leonie. Ce dernier est un rassemblement dissident mais inclusif. Son rôle et ses missions sont bien plus décrits que ceux du coven officiel de la reine, qui reste malheureusement un mystère alors qu’il est normalement au cœur de l’intrigue.

J’aurais vraiment adoré avoir des informations au fur et à mesure. Je pense que j’aurais mieux compris les enjeux, pourquoi le coven de la reine semble si intéressée par Theo, pourquoi certaines d’entre elles l’ont quitté… Par ailleurs, ces mystères qui planent n’apportent pas plus de suspens.

Ce qui est d’autant plus dommage que l’auteur accumulait les bonnes idées, même s’il y avait quelques clichés propres à la littérature fantastique. Il est question d’une prophétie autour d’un enfant aux pouvoirs exceptionnels. Ce dernier va déterminer le sort du monde, car il est le seul qui peut réveiller un démon prêt à tout détruire. Ce sont autant d’éléments qui auraient pu me plaire, mais dont l’exécution ne m’a pas totalement enchanté. Je l’ai déjà évoqué, mais le manque de suspens et de tension a quelque peu joué en sa défaveur. L’écriture reste trop adolescente à mon goût, alors que les personnages principaux sont des adultes. Il y avait matière à mettre en place un univers plus sombre.

Je n’ai pas vraiment accroché aux personnages principaux, ce groupe d’amies et de sorcières que le temps a éloigné et placé sur des chemins différents. J’ai eu quelques difficultés à les fixer dans mon esprit. La seule qui sort du lot est Helena. C’est celle dont je me suis le plus rapidement souvenue, car elle est la grande prêtresse du coven royal et que son rôle est inlassablement répété. Ce n’est pas grâce à son caractère ou autre. L’autre personnage dont je me souviens est Leonie. J’ai apprécié cette dernière, qui apporte une pointe de diversité, mais j’ai trouvé que l’auteur en faisait un peu trop un faire-valoir pour les minorités.

Je reste déçue par ce roman sur lequel j’avais quelques espoirs… Le deuxième tome, The Shadow Cabinet, est sorti, mais ça sera sans moi, pour le coup. Je repars à la recherche d’un roman autour des sorcières qui soit un coup de cœur absolu…

Culture / Aliénor d’Aquitaine, L’été d’une reine (1) d’Elizabeth Chadwick

Aliénor d’Aquitaine, L’été d’une reine (1) • Elizabeth Chadwick • 2013

« Votre père souhaitait pour vous un mariage qui fît honneur à votre personne et à l’Aquitaine, tout en vous hissant jusqu’aux plus hautes dignités. Il désirait également la sécurité et la paix pour vous-même et vos terres. Avant de partir, il a demandé au roi de France d’assurer votre sauvegarde. Dans ce but, il a arrangé un mariage entre vous et Louis, son héritier. Un jour, vous serez reine de France et, si Dieu le veut, à l’origine d’une dynastie de souverains dont le royaume s’étendra de Paris aux Pyrénées.

Jeune, belle et vive d’esprit, Aliénor est promise à un somptueux avenir en tant que future duchesse d’Aquitaine. Mais lorsque son père meurt subitement lors de l’été 1137, elle rentre du jour au lendemain dans l’âge adulte. Contrainte d’épouser le jeune prince Louis de France, Aliénor peine à s’accoutumer à son nouveau rôle tandis qu’ils accèdent tous deux au trône de France. Aliénor devra désormais renoncer à la vie qu’elle a menée jusque-là pour affronter les intrigues de la Cour.

Cette série me faisait de l’œil depuis un moment. Quand j’ai vu le premier tome dans un excellent état à Emmaüs, je n’ai pas hésité longtemps avant de l’emporter. Aliénor d’Aquitaine est un personnage historique qui m’a toujours fasciné et autour de laquelle j’ai vraiment envie de lire. J’avais commencé l’aventure par le roman de Mireille Calmel, qui a été une catastrophe à lire. Celui-ci est plutôt moyen.

L’histoire débute alors que le duc d’Aquitaine, malade, décide de partir en pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle où il meurt en laissant derrière lui ses deux filles, Aliénor et Pétronille. Heureusement, avant de partir, il a arrangé le mariage de sa fille aînée avec l’héritier du trône de France. Aliénor d’Aquitaine est notamment restée dans l’Histoire pour son intelligence politique, sa vie incroyable. Elle avait un sacré caractère, et elle a été reine de France avant d’être reine d’Angleterre.

Or, j’oublie souvent que ce type de romans est une romance avant tout, où, en définitif, le contexte historique et les personnages importent peu. La véracité historique n’est pas le sujet principal. Il s’agit plus d’une évocation. L’accent est avant tout mis sur les relations amoureuses des personnes qui sont dépictés comme parfaits, puis un peu moins si un nouveau « love interest » apparaît, comme c’est le cas ici. La relation d’Aliénor et Louis semblait parfaite à tout point de vue, jusqu’à l’extase sexuelle. Il faut bien ponctuer l’intrigue de nombreuses scènes de sexe !

Il y a parfois un peu de politique qui est évoqué et, heureusement, car je ne suis pas sûre que je serai allée très loin dans ce roman sans ça. Il y a tout de même des forces en présence entre Aliénor et sa belle-mère, Aliénor et le roi de manière progressive, avec d’autres personnes importantes du conseil du roi, etc. Très rapidement est montré le goût de la jeune fille pour les tractations politiques et son intelligence, sa finesse dans ce domaine, même si dans ce premier tome, elle apprend encore. Elle n’a pas simplement l’envie d’être une reine de l’ombre, tout juste destinée à donner des héritiers à la couronne de France, sans pouvoir. Elle veut également l’exercer, avoir un rôle de premier plan, ce qui amène des frictions au sein de son couple.

Malgré ce côté plutôt positif, la lecture s’est avérée en dent de scie. En effet, le rythme et l’intérêt que je pouvais avoir pour ce premier tome variaient sensiblement en fonction des chapitres, des moments dans l’histoire ou des personnages. Il y a des passages que j’ai dévoré, des chapitres où j’ai eu un peu plus de mal à m’y plonger.

Ce n’est pas une série que je pense continuer. J’en ai déjà pas mal en cours et à terminer. Ce premier opus ne m’a pas non plus transcendé. J’ai vu qu’elle avait une autre série autour d’un autre personnage proche d’Aliénor d’Aquitaine, mais je pense également passer mon tour.

Culture / The mighty dead, Why Homer matters d’Adam Nicholson

The mighty dead, Why Homer matters • Adam Nicholson • 2014

In this passionate and deeply personal book, Adam Nicolson sets out to explain why these great ancient poems still have so much to say about what it is to be human, to love, lose, grow old and die.

‘The Mighty Dead’ is a journey of history and discovery, sewn together by the oldest stories we have – the Iliad and the Odyssey, which emerged from a time before the Greeks became Greek. As nomadic tribes of the northern steppe, they clashed with the sophisticated cities of the eastern Mediterranean. These poems tell us how we became who we are.

We witness a disputatious dinner in 19th-century Paris and Keats finding in Chapman’s Homer the inspiration to travel in the ‘realms of gold’. We go to Bosnia in the 1930s, with the god of Homer studies Milman Parry where oral poetry still thrived; to Spain to visit the possible site of Hades; to Troy, Ukraine, Syria and the islands of the Mediterranean; and to that most ancient of modern experiences, the open sea, in calm and storm.

Reflecting on fathers and sons, men and women, on the necessity for love and the violence of warriors, on peace and war, youth and old-age, Homer is the deep voice of Europe, as dark as Mavrodaphne and as glowingly alive as anything that has ever been.

The migthy dead, Why Homer matters est un ouvrage d’Adam Nicholson sur l’importance qu’a cet auteur grec encore aujourd’hui. De ceux que j’ai lus pour ce mois-ci, il fait partie de ceux que j’ai le moins apprécié.

Il y a pourtant, parfois, des réflexions ou des idées développées. qui sont intéressantes et que je n’avais pas lu jusqu’à maintenant dans les ouvrages que j’ai déjà présenté. L’auteur apporte d’autres éclairages sur l’œuvre de Homère. Cependant, ils m’ont plus marqué sur le moment. Je me disais « oh, ça s’est intéressant », mais au moment de rédiger cette chronique, je ne m’en souviens plus. Il faut avouer que cet essai représente de nombreux défauts.

The mighty dead mélange les genres. Il est à la fois un journal intime et de voyage de la part d’Adam Nicholson. Ce sont les passages où il développe sa rencontre avec Homère, pourquoi cet auteur l’a marqué. S’y ajoute une partie essai historique, où sont discutées les preuves du conflit, de la construction historique de l’Iliade. Il propose aussi un autre aspect qui se rapproche de l’essai littéraire cette fois-ci, autour de la réception de Homère à différentes époques, la manière dont il a été traduit en fonction des sensibilités de chacun, la figure de l’auteur…

Il ne choisit pas vraiment entre les différents éléments, il ne prend pas partie pour l’un plutôt qu’un autre. Cela donne un mélange un peu particulier, mais pas dans un bon sens, malheureusement. En effet, j’ai eu l’impression que le tout était un peu brouillon. Les réflexions partaient dans tous les sens et il était parfois difficile de trouver le fil conducteur des idées. Au sein d’un chapitre, il suit le fil de sa pensée, au point d’oublier le thème du chapitre.

Globalement, c’est le principal reproche que je peux faire à ce livre, car ce qui est vrai pour les chapitres l’est également pour l’ouvrage en lui-même. Je n’ai pas trouvé qu’Adam Nicholson réponde réellement à la question qu’il propose dans le sous-titre de son livre, Why Homer matters ? ou dans son introduction. Il manque de structures pour avoir une réponse claire ou, au moins, des éléments qui permettent d’engager une réflexion. Cependant, le tout se mélange dans des considérations diverses, des auteurs cités à foison et l’impression que l’auteur racontait l’Iliade et l’Odyssée.

J’ai eu du mal à me concentrer totalement sur cet essai, qui part un peu dans tous les sens. C’est une belle déception.

Culture / Un an avec Audible

En février dernier, après avoir été conseillée et encouragée par une très bonne amie, j’ai craqué pour un abonnement Audible. Ce n’était pas gagné, car j’étais vraiment sceptique au début. Finalement, mon premier essai m’a plutôt convaincu.

Audible est une application qui donne accès à une bibliothèque de livres audio. L’abonnement mensuel coûte 9,95 euros et offre la possibilité de télécharger également des ouvrages gratuitement. Personnellement, ce n’est pas un abonnement que je trouve contraignant et il peut être arrêté à tout moment.

Mes freins aux livres audios

Attrait du papier : j’apprécie encore le papier, le fait de tourner les pages et de pouvoir en annoter certains. En effet, je surligne souvent mes livres ou mets des commentaires, surtout pour les essais que je lis. D’où le fait également que j’en lis très peu sur liseuse.

Peur de manquer de concentration : je n’ai plus l’habitude qu’on me lise des histoires et j’avais vraiment peur de ne pas être totalement plongée dans l’intrigue, de laisser mon esprit vagabondé ou de faire autre chose en même temps.


Cependant, dès ma première écoute, j’ai été conquise et je n’y ai vu que des avantages. J’ai continué mon abonnement depuis et cela fait désormais un an.

Avantages à la lecture audio

Pour les voyages : je voyage énormément. Malheureusement, je suis sujette au mal des transports… Impossible de lire un livre physique ou sur liseuse. Je conduis beaucoup également. Je perds donc pas mal de temps à ne rien faire durant mes trajets. J’ai essayé le livre audio pour la première fois lors d’un court voyage en bus et je l’ai terminé lors d’un long voyage en voiture où j’étais derrière le volant. C’était parfait. En effet, je suis dans les bonnes dispositions : j’avais du temps devant moi et personne pour me déranger. Je n’ai littéralement que ça à faire.

Pour une nuit d’insomnie : cela a changé un peu mes habitudes dans ce domaine, dans un bon sens. Avant, j’allumais la lumière et me replongeais dans un livre, cassant l’atmosphère propice à l’endormissement alors qu’avec un livre audio, je peux rester dans le noir. Cela me berce de me faire raconter une histoire. Certains lecteurs sont très talentueux.

Des livres VO très récents : la bibliothèque est très complète et elle me convient parfaitement. Je recherchais surtout des livres en anglais récemment publiés. Ce qui est le cas et j’ai été plus que ravie. J’ai pu découvrir des sorties récentes que j’avais envie de lire, mais pas forcément d’avoir une copie physique.

Inconvénients

Parfois des petits soucis d’attention : je n’ai pas toujours 100 % de mon attention sur le livre audio. Il y a parfois des moments où mon esprit dévie vers d’autres sujets. Avec le livre physique, il est plus facile de créer une bulle, un moment à soi où la concentration est optimale. J’ai encore du mal à créer cela avec un livre audio, à part pour des trajets en voiture.

Pas d’essais : j’ai testé tout de même des essais en audio et ça n’a pas du tout réussi. J’aime encore trop le papier, réagir au texte. J’ai eu du mal à me l’approprier. Ce n’est pas du tout la manière dont j’apprécie de lire ce type d’ouvrages. J’en ai peu écouté et je ne recherche pas à prolonger cette expérience.

L’importance du narrateur : parmi les livres que j’ai écoutés, la qualité du narrateur était variable. Je me suis rendue compte que ce dernier était déterminant dans mon appréciation du livre. Certains étaient absolument incroyables, d’autres ne mettaient pas en valeur l’ouvrage… J’écoute toujours un extrait avant de me décider à utiliser un de mes crédits.


Livres écoutés en un an

Culture / The ancient guide to modern life de Natalie Haynes

The ancient guide to modern life • Natalie Haynes • 2010

In this thoroughly engaging book, Natalie Haynes brings her scholarship and wit to the most fascinating true stories of the ancient world. The Ancient Guide to Modern Life not only reveals the origins of our culture in areas including philosophy, politics, language, and art, it also draws illuminating connections between antiquity and our present time, to demonstrate that the Greeks and Romans were not so different from ourselves: is Bart Simpson the successor to Aristophanes? Do the Beckhams have parallel lives with The Satiricon’s Trimalchio?

Along the way Haynes debunks myths (gladiators didn’t salute the emperor before their deaths, and the last words of Julius Caesar weren’t « et tu, brute? ») from Athens to Zeno’s paradox, this irresistible guide shows how the history and wisdom of the ancient world can inform and enrich our lives today.

Natalie Haynes est une auteur qui sera largement présente sur le blog cette année, comptant présenter une bonne partie de sa bibliographie. Elle a beaucoup écrit autour de la mythologie grecque : deux essais dont celui que je présente aujourd’hui et plusieurs romans dont le dernier a été publié l’année dernière et a pour personnage principal Méduse.

La passion de l’auteur pour tout ce qui a trait à la culture classique, grecque et romaine, se ressent entre les pages de cet essai. Elle le transmet au lecteur en proposant de comparer la société grecque, la société romaine et la nôtre à travers différentes thématiques. Chaque chapitre va explorer une notion comme la politique, la religion, la philosophie, par exemple. Il y a des points qui sont développés et qui sont intéressants, mais je n’ai pas forcément trouvé cet ouvrage original.

C’est mon avis vraiment personnel, car j’en ai lu quelques-uns dans cette même veine, qui propose une comparaison entre les sociétés de l’Antiquité et la nôtre, leurs influences sur nos systèmes politiques et de pensées, sur notre culture. Il y a quelques jours j’ai présenté The Greek Achievement de Charles Freeman qui est dans la même veine. Ils sont sensiblement le même programme, le style et le type de lecteurs qu’ils cherchent à toucher sont différents, en revanche. Natalie Haynes écrit un livre un peu plus grand public que Charles Freeman. Cela dépend vraiment de ce que le lecteur recherche, celui de Natalie Haynes forme une bonne introduction.

Le style se veut plus accessible et de nombreux exemples viennent enrichir le propos. Certains sont pertinents. En revanche, d’autres laissent un arrière-goût dérangeant. Outre le fait que certains ont des références que le lecteur français ne peut pas toujours pleinement les saisir, ils sont aussi datés. On sent que le livre a un peu plus de dix ans. Ils n’ont malheureusement pas une portée universelle. Ils s’inscrivent dans un espace/temps bien défini.

Par ailleurs, l’auteur fait parfois preuve d’une certaine crudité dans ses propos qui m’a étonnée. En effet, si c’est le premier ouvrage d’elle que je présente sur le blog, ce n’est pas le premier que je lis. J’en ai lu deux autres avant : Pandora’s Jar, un autre essai, et The Children of Jocasta, un roman. Ce n’est pas un aspect de son style qui m’avait marqué ou interpellé, bien au contraire. Elle aurait pourtant pu adopter un tel ton avec Pandora’s Jar, dont la chronique est prévue pour début février. J’ai trouvé que ça desservait le propos.

Même s’il se laisse lire et que, par certains aspects, le livre reste très intéressant, je suis loin du coup de cœur que j’espérais et que j’ai pu avoir avec d’autres ouvrages de l’auteur.

Culture / Mini-chroniques #3. Spécial 2022, Première partie

The left-handed booksellers of London • Gareth Nix • 2020

In a slightly alternate London in 1983, Susan Arkshaw is looking for her father, a man she has never met. Crime boss Frank Thringley might be able to help her, but Susan doesn’t get time to ask Frank any questions before he is turned to dust by the prick of a silver hatpin in the hands of the outrageously attractive Merlin.

Merlin is a young left-handed bookseller (one of the fighting ones), who with the right-handed booksellers (the intellectual ones), are an extended family of magical beings who police the mythic and legendary Old World when it intrudes on the modern world, in addition to running several bookshops.

Susan’s search for her father begins with her mother’s possibly misremembered or misspelt surnames, a reading room ticket, and a silver cigarette case engraved with something that might be a coat of arms.

Merlin has a quest of his own, to find the Old World entity who used ordinary criminals to kill his mother. As he and his sister, the right-handed bookseller Vivien, tread in the path of a botched or covered-up police investigation from years past, they find this quest strangely overlaps with Susan’s. Who or what was her father? Susan, Merlin, and Vivien must find out, as the Old World erupts dangerously into the New.


J’ai beaucoup aimé ce roman fantastique qui m’a quelque peu rappelé la série de Ben Aaronovitch que j’adore. La ville de Londres semble être un personnage à part entière et cet humour britannique dont je raffole est également présent dans ce premier tome plein de promesses. Garth Nix a une imagination débordante, il crée un univers fait de monstres et de magie. J’ai adoré aussi l’apport de ces libraires un peu particuliers. Le monde des livres s’y prête à merveille. Rien que pour ça, j’ai vraiment adoré le roman.

Il est bourré d’actions dès les premières pages. Tout comme le personnage principal, le lecteur est plongé dans le quotidien de ces librairies et en apprend progressivement les us et coutumes, grâce à Merlin. J’ai adoré ce personnage haut en couleur et attachant. Il a un sacré sens de l’humour également. Son dynamisme est en phase avec les rebondissements du roman qui m’ont tenu en haleine. Je l’ai dévoré d’un bout à l’autre et je lirai avec plaisir le deuxième tome.

All of us villains • Amanda Foody & Christine Lynn Herman • 2021

Every generation, at the coming of the Blood Moon, seven families in the remote city of Ilvernath each name a champion to compete in a tournament to the death.

The prize? Exclusive control over a secret wellspring of high magick, the most powerful resource in the world―one thought long depleted.

But this year a scandalous tell-all book has exposed the tournament and thrust the seven new champions into the worldwide spotlight. The book also granted them valuable information previous champions never had―insight into the other families’ strategies, secrets, and weaknesses. And most important, it gave them a choice: accept their fate or rewrite their legacy.

Either way, this is a story that must be penned in blood.


Il y a du bon et du mauvais dans ce roman, mais, malheureusement, les points négatifs ont pris le dessus à la fin. Je ne l’ai pas terminé alors qu’il y avait du potentiel, notamment au niveau de l’univers. Certes, il se rapproche quelque peu d’une intrigue à la Hunger Games avec des compétiteurs qui vont devoir quasiment s’entretuer pour un prix ultime. La magie est omniprésente et j’ai aimé cet aspect-là du livre. Cependant, l’action est bien trop longue à se mettre en place. Le tournoi se fait attendre et quelques longueurs apparaissent.

Les personnages sont plutôt ennuyeux. Celui qui a été, à la rigueur, le plus intéressant, était Gavin. Il se rapproche le plus de cette idée de vilain. Il ne recule devant rien pour atteindre ses objectifs, même à maudire autrui. À côté de lui, il y a trois personnages principaux fades et ennuyeux. Le ratio n’est pas bon ! Je m’attendais à plus de noirceur.

Emma • Jane Austen • 1815

Emma Woodhouse, jeune fille « belle, intelligente, riche, disposant d’une demeure confortable et dotée d’une heureuse nature » n’a jamais été amoureuse, elle revendique hautement le célibat, mais elle adore marier les autres. On pressent, dès le début du cinquième roman de Jane Austen, l’argument d’une comédie délectable.

Il y a des dizaines d’intrigues dans Emma : celles qu’elle invente, celles qu’elle fomente, celles qui existent et qu’elle ne voit pas, celles qu’elle contrecarre, celles qu’on lui suggère. Partant d’un groupe limité de jeunes gens, le roman parcourt l’ensemble des couples possibles selon une logique combinatoire assez comique qui évoquerait presque l’arbre des probabilités.


Je m’étais fixée comme objectif en 2022 de lire tous les Jane Austen… Objectif qui n’a pas été atteint, car les trois que j’ai lus ont été compliqués et je n’ai pas été convaincue par les histoires et les personnages, même pour Emma. Elle a été insupportable à suivre. La fin se sait dès le début… Ce n’est pas une lecture qui m’a enchanté. L’adaptation cinématographique avec Anya Taylor-Jones dans le rôle principal se laisse regarder, mais je l’ai plutôt trouvé réussi par son esthétique ultra léchée.

L’Europe est-elle née au Moyen Âge ? • Jacques Le Goff • 1964

L’Europe contemporaine est une longue histoire qui commence avant la venue du christianisme, et se continue avec son reflux. À l’œil qui sait voir apparaissent des traces, strates successives de nombreuses mutations, depuis les ruines de l’Empire romain jusqu’aux découvertes du XVIe siècle. L’historien les met au jour, les explore, pour montrer combien l’Europe contemporaine hérite, emprunte, reprend bien des caractères de cette «Europe» médiévale qui n’est pas tout à fait la nôtre, mais représente un moment important dans sa constitution : unité potentielle et diversité fondamentale, métissage des populations, divisions et oppositions Ouest-Est/Sud-Nord, primat unificateur de la culture. De l’échec carolingien à la «belle» Europe des villes et des universités, Jacques Le Goff nous entraîne dans un intense voyage à rebours, dans l’espoir que, comprenant mieux leur provenance, les Européens construisent mieux leur avenir.


Parmi les auteurs d’essais historiques que j’apprécie énormément, il y a Jacques Le Goff. Il écrit beaucoup autour du Moyen Âge dans un style accessible à tous. J’en ai lu plusieurs de lui, à la fois pour les adultes et les enfants. Celui-ci est une relecture, l’ayant étudié alors que j’étais en droit. J’avais oublié certains de ses arguments et le livre est tout aussi passionnant à lire des années après. L’idée de départ est de montrer que l’Europe telle que nous la connaissons a des racines qui remontent à l’époque médiévale. Les chapitres sont chrono-thématiques, donnant une certaine clarté aux propos de l’auteur et pour le lecteur, en montrant ainsi les évolutions.

The Son & Heir • Alexander Münninghoff •

What can a son say upon discovering that his father wore a Nazi uniform? Reporter Alexander Münninghoff was only 4 when he found this mortifying relic from his father’s recent past in his attic. This shameful memento came to symbolize not only his father’s tragically misguided allegiance but also a shattered marriage and ultimately the unconscionable separation of a mother and son.

In this revelatory memoir, the author confronts his parents’ complex past as he reconstructs the fortunes and disillusions of an entire family upheaved during the changes of 20th century Europe. The Münninghoffs were driven by greed, rebellion, and rage. An embattled dynasty, they were torn between the right and the wrong side of history. Their saga haunted Alexander’s life for the next 70 years.


J’ai retenté l’aventure des autobiographies/mémoires en me disant que le sujet de ce dernier ne pouvait que me plaire : une famille déchirée par la Seconde Guerre mondiale et qui doit choisir son camp. Cependant, je n’ai pas réussi à me plonger dedans, à ressentir de l’empathie pour l’auteur et les événements qui ont plus ou moins bousculé sa vie. J’ai trouvé le grand-père être le plus attachant de tous, malgré ses défauts. Le père est détestable à souhait et il est frustrant de voir qu’il n’a souffert aucune conséquence d’aucune conséquence de son implication dans la SS.

Ce qui a le plus freiné ma lecture est la manière dont cette autobiographie est écrite. L’impression d’être dans l’intimité de la famille est le propre de ce genre, mais j’ai eu le sentiment que l’auteur parlait de faits et de personnes comme si je savais de qui ou de quoi il parlait… Ce n’était pas le cas. J’ai été souvent perdue par l’introduction de nouveaux protagonistes, des passages plus romancés…

Culture / 24 heures dans l’ancienne Athènes de Philip Matyszak

24 heures dans l’ancienne Athènes • Philip Matyszak • 2019

Cette année sur l’Acropole, on pouvait croiser Socrate, Aristophane, Sophocle, Hippocrate et Alcibiade. Mais qu’en était-il des gens ordinaires ? Justement, ce livre ne redonne vie aux célébrités du monde grec qu’en leur faisant partager le quotidien de femmes et d’hommes mis en vedette à chaque heure de la journée. C’est ainsi que deux esclaves d’Aristophane lisent sa nouvelle pièce, qu’une danseuse suscite l’admiration de Socrate et qu’un professeur de lutte s’apprête à entraîner Platon, encore adolescent. D’autres personnages se succèdent : des politiciens et des sportifs, bien sûr, mais aussi une sorcière, une épouse infidèle, une hétaïre, un urbaniste, un contrebandier, un espion … Chaque fois, c’est pour nous faire découvrir des aspects particuliers de cette civilisation qui marqua l’Histoire et dont nous sommes les héritiers directs.

Avant Une année en Grèce antique, Philip Matyszak avait publié un autre essai dans le même esprit. Cette fois-ci, il se concentre sur la puissante ville d’Athènes, qui connaît son âge d’or. Au lieu d’un an, nous y passons une journée.

J’aime ce format où un chapitre correspond à une heure de la journée, mais également à un personnage. Cela permet de voyager dans Athènes, entre le Parthénon ou l’Agora, des habitations privées des différentes classes de la population. L’auteur nous permet d’entrer partout, même dans des lieux inaccessibles à l’époque comme les endroits réservés aux prêtres et prêtresses. Tout comme Un an dans la Grèce antique, 24 heures dans l’ancienne Athènes se lit comme un roman, non comme un véritable essai. Certains personnages se croisent à nouveau dans la journée, pouvant ainsi former une certaine continuité, un fil rouge permettant d’aisément suivre les différents personnages.

Ces derniers sont très variés et, parfois, vient s’insérer un nom connu. Est évoqué, par exemple, Thucydide, l’historien grec exilé. Le médecin évoque également un de ses amis et confrère qui vient d’arriver à Athènes et qui a une toute autre manière de concevoir la médecine. Cette manière de faire révolutionnera la médecine et elle est encore d’actualité aujourd’hui, et à travers ce serment que prêtent les médecins. Il s’agit en effet d’Hippocrate.

C’est un des aspects du livre que j’ai vraiment préféré par rapport au premier que j’ai lu de lui. Il y a plusieurs noms de l’histoire grecque. Il rappellera peut-être plus de souvenirs qu’Un an dans la Grèce antique.

Un autre point que j’ai préféré dans celui-ci est la multitude des personnages que l’auteur présente. Même s’ils peuvent être nombreux, il est impossible de les confondre et le lecteur ne risque pas d’être perdu. En effet, ce sont surtout des métiers ou des catégories de la population. J’ai déjà évoqué les médecins, les prêtres et prêtresses (qui m’ont manqué dans Un an dans la Grèce antique). Il y a aussi des soldats, des hétaïres ou des commerçants, etc. L’auteur propose des petits encarts explicatifs, notamment sur l’histoire et l’archéologie et ses sources. Il est, par exemple, question de malédiction contre des rivaux économiques… Celle décrite dans le livre a été retrouvée par des archéologues.

Il existe plusieurs autres essais dans cette collection, écrit par d’autres auteurs autour de la Rome, de l’Égypte ou de la Chine antique. Ce sont autant d’ouvrages dans lesquels j’ai également envie de me plonger. Ils sont accessibles, très bien documentés. En attendant, ce deuxième essai de Matyszak a été à la hauteur de mes espérances : informatif, tout en étant fun et agréable à lire.