The Children of Jocasta • Natalie Haynes • 2017
Jocasta is just fifteen when she is told that she must marry the King of Thebes, an old man she has never met. Her life has never been her own, and nor will it be, unless she outlives her strange, absent husband.
Ismene is the same age when she is attacked in the palace she calls home. Since the day of her parents’ tragic deaths a decade earlier, she has always longed to feel safe with the family she still has. But with a single act of violence, all that is about to change.
With the turn of these two events, a tragedy is set in motion. But not as you know it.
Natalie Haynes propose une autre réécriture de la mythologie grecque, autour de la figure de Jocaste, cette fois-ci. Il y a du bon, mais il y a d’autres points qui m’ont laissé un peu plus dubitative par rapport à l’histoire originale.
En effet, le mythe d’Œdipe repose sur l’inceste entre une mère et son fils, qui tue en amont son père. Ce sont deux essentiels de l’histoire, que je m’attendais à retrouver dans cette réécriture. Sans ça, quelle histoire ? Or, ces deux points sont décevants. En premier lieu, le meurtre du roi de Thèbes est essentiel dans le mythe, car c’est cette prédiction qui va déclencher les événements. Or, dans ce roman de Natalie Haynes, il s’agit plus d’un accident que d’un meurtre. À la rigueur, je peux encore comprendre ce subtil changement par rapport au mythe, même si je trouve le meurtre plus fort symboliquement. En revanche, le deuxième point passe beaucoup moins.
C’est-à-dire l’inceste. C’est un sujet évidemment tabou, qui peut mettre mal à l’aise le lecteur. Le mythe a aussi ce rôle d’être cathartique, de constituer des histoires autour de comportements condamnables au sein de la société, comme c’est le cas ici, ou qui donne à réfléchir, comme avec Antigone. L’inceste est au cœur du drame de Jocaste et Œdipe, avec toutes les conséquences qui en découle pour eux, mais également pour leurs enfants et la ville de Thèbes, dont ils étaient roi et reine. Occulter cet élément ou l’amoindrir, c’est enlever ce qui fait la substance du mythe, sa force, la raison pour laquelle il a traversé les âges.
Or, il est véritablement dommage que Natalie Haynes atténue ce point. Il est question uniquement de rumeurs sur un possible inceste entre Œdipe et Jocaste. Il y a un moment où une accusation est lancée, mais elle est vite démentie comme fausse, car provenant d’un personnage qui souhaite se venger du couple. À aucun moment, l’inceste est confirmé, comme dans le mythe. Alors pour quelles raisons Jocaste choisit de se suicider ? Plus à cause des « on-dit-que », du poids du regard des autres et de la dépression que de la culpabilité qu’elle ressent par rapport à l’inceste dont elle s’est rendue coupable. D’un côté, cela rappelle les problèmes actuels, notamment via les réseaux sociaux, mais, en même temps, cela vide le mythe de sa substance, de ce qui fait son intérêt, même si des tabous moraux et sociaux sont transgressés.
Il y a d’autres changements par rapport au mythe que l’auteur propose. En effet, dans The Children of Jocasta, ce n’est pas Antigone qui va à l’encontre des règles et lois de son oncle, mais sa sœur Ismène. Je ne vois pas l’intérêt de ce changement. Cela n’apporte aucun éclairage révolutionnaire sur ce mythe, déjà bien malmené par l’auteur.
Le roman se laisse appréhender aisément, et j’ai relativement apprécié des petits points par-ci, par-là. Par exemple, j’ai aimé avoir toute l’histoire de Jocaste et de ses enfants. Les deux histoires sont parfois racontées séparément avec, d’un côté Œdipe et Jocaste, et de l’autre, Antigone. Le titre me semble un peu trompeur, car il laisse penser que surtout l’après sera évoqués, alors que l’élément commun est Jocaste. J’aurai tout simplement appelé le roman de son nom. En effet, l’histoire passe de sa jeunesse, à son mariage avec le roi de Thèbes et sa vie jusqu’à sa mort. J’ai trouvé intéressant de raconter l’histoire depuis le début, pour la construction des différents personnages, pas seulement Jocaste.
Cependant, je ne suis pas totalement convaincue par la forme proposée par l’auteur pour raconter l’histoire de cette femme. Elle propose une alternance de points de vue. Deux narrations se suivent : Jocaste parlant à la troisième personne et Ismène, avec une narration à la première personne, que je préfère largement pour ce type d’histoire. Outre le fait que c’est bizarre d’avoir une troisième personnage alternant avec une première, je n’ai pas aimé ce va-et-vient non chronologique. Suivre le fil du temps m’aurait plus charmé, car il y aurait eu une gradation dans le drame et ses conséquences, un avant/après.
Par ailleurs, le roman souffre d’une petite perte de vitesse vers le milieu. Il y a eu deux ou trois soirées où j’ai eu un peu plus de mal à m’y replonger. Il se situe entre l’arrivée d’Œdipe à Thèbes et le début de sa relation avec Jocaste et le suicide de cette dernière. Il manque un peu de construction de tension à mon goût.
Mon avis peut laisser que je n’ai pas apprécié ce roman. J’ai quand même passé un bon moment de lecture, malgré les nombreuses imperfections qu’il présente.