Culture / Les Ménades de Nicolas Texier

Les Ménades • Nicolas Texier • 2021

Parties se livrer à des rites dionysiaques, trois jeunes filles marginales échappent au raid des pirates venus enlever tous leurs proches. Les apprenties ménades décident alors de tout quitter dans l’espoir de pouvoir libérer les leurs lorsque les pirates les auront vendus comme esclaves. Or, ces guerriers originaires de Thèbes s’avèrent avoir un but : poursuivre l’étrange mage échoué sur l’île des trois jeunes filles et qui les a initiées au délire. De la prison du minotaure jusqu’aux terres des cyclopes et aux palais marins des naïades, cette quête entreprise par les ménades aux confins de la Méditerranée les mènera à découvrir la véritable nature du mage et la raison de la haine que lui vouent les Thébains, mais surtout à se découvrir elles-mêmes à travers les épreuves, jusqu’à atteindre liberté et connaissance de soi.

Je l’avoue, rares sont les auteurs français s’inspirant de la mythologie grecque. Mais, j’ai été ravie d’en trouver, de voir que de nouvelles publications ont été faites cette année dans ce domaine… Malheureusement, Les Ménades a été une horreur à lire.

L’auteur s’inspire largement de la Grèce antique et de sa mythologie. Les Ménades sont des femmes qui font partie du cortège du dieu Dionysos et/ou qui célèbrent ses mystères. Le lien avec les trois personnages principaux est leur volonté farouche de vivre libre. En effet, elles avaient pour habitude de danser, chanter et faire du bruit dans les forêts et les montagnes. L’univers est fouillé et largement documenté. Cependant, ça ne fait pas tout.

J’ai eu beaucoup de mal à m’intéresser aux personnages principaux, trois jeunes filles qui cherchent à casser les codes où elles sont enfermées, à briser les carcans de la société grecque antique. Cette dernière les oblige à être obéissantes, à se soumettre à leur famille, puis à leurs futurs maris. Leur soif de liberté et d’indépendance les met quelque peu à la marge de la communauté de leur petite île. Pourtant, ces aspects de leurs personnalités ne m’ont pas du tout charmé. Il faut dire que les rares fois où elles parlent, il y a quelque chose de vulgaire qui en sort, et qui est totalement inutile. Ça n’apporte rien à l’intrigue, qui est déjà bien assez dure à suivre.

En effet, le style dessert totalement cette histoire qui aurait pu être résolument épique, une nouvelle odyssée féminine avec des personnages forts. C’est pompeux et alambiqué à souhait et une absolue horreur à lire. Les phrases sont beaucoup trop longues et le lecteur inattentif pourra vite en perdre le fil. Il y a des envolées pseudo-lyriques parfois interminables, mais surtout creux.

Ce roman est la version littéraire de quelqu’un qui aime s’entendre parler, donnant ainsi une intrigue lourde au style indigeste. Impossible de rentrer dedans et les personnages n’y aident pas du tout. Finalement, il m’a été impossible de me plonger pleinement dedans. J’ai eu le sentiment que l’auteur rejetait toutes mes tentatives de rentrer dans l’histoire. Il faut rester à la fenêtre et juste entrevoir ce qu’il se passe.

J’ai très rapidement lâché l’affaire et Les Ménades est clairement le pire livre que j’ai pu lire pour ce thème autour de la mythologie grecque et de ses inspirations. C’est le roman à fuir !

Culture / Her Majesty’s Royal Coven (1) de Juno Dawson

Her Majesty’s Royal Coven • Juno Dawson • 2022

At the dawn of their adolescence, on the eve of the summer solstice, four young girls–Helena, Leonie, Niamh and Elle–took the oath to join Her Majesty’s Royal Coven, established by Queen Elizabeth I as a covert government department. Now, decades later, the witch community is still reeling from a civil war and Helena is now the reigning High Priestess of the organization. Yet Helena is the only one of her friend group still enmeshed in the stale bureaucracy of HMRC. Elle is trying to pretend she’s a normal housewife, and Niamh has become a country vet, using her powers to heal sick animals. In what Helena perceives as the deepest betrayal, Leonie has defected to start her own more inclusive and intersectional coven, Diaspora. And now Helena has a bigger problem. A young warlock of extraordinary capabilities has been captured by authorities and seems to threaten the very existence of HMRC. With conflicting beliefs over the best course of action, the four friends must decide where their loyalties lie: with preserving tradition, or doing what is right.

J’adore tout ce qui touche aux sorcières et à la magie. Cependant, je n’ai pas encore trouvé un roman qui m’a laissé un souvenir impérissable sur ces thématiques, à part peut-être le premier roman d’Alexis Henderson, The year of the witching. Cette lecture remonte déjà à quelques années, et j’avais quelques espoirs pour celui-ci.

Déjà, l’univers magique avait de quoi me charmer avec certains points qui me rappelaient d’autres ouvrages que j’ai beaucoup aimé : Rivers of London de Ben Aaronovitch et The left-handed booksellers of London de Garth Nix. L’action continue de se développer entre Londres et une autre ville de Grande-Bretagne dont j’ai oublié le nom (possiblement Manchester). J’ai tout de suite adhéré à l’idée d’un coven officiel de la reine qui m’a donné des envies de sociétés secrètes et d’espionnage magique… Toutefois, je suis restée sur ma faim de ce point de vue.

En effet, le développement de ce monde reste relativement pauvre, à mon goût. Au niveau de la narration il n’y a pas un personnage qui découvre progressivement ce nouveau monde. Les personnes que l’on suit sont dans ce dernier, en font partie depuis leur tendre enfance et appartiennent à des dynasties de sorcières depuis des générations. De ce fait, en tant que lectrice, je souhaitais avoir des éléments d’informations sur cet univers, les covens, cette guerre qui semble faire rage dans l’ombre, mais dont on ne sait rien. Il y a des événements qui sont évoqués, mais rapidement mis de côté. Aucune explication n’est donnée, sous-entendant qu’on pourrait potentiellement revenir dessus… Mais à quel moment ?

Le seul aspect que j’ai trouvé amplement développé est le coven de Leonie. Ce dernier est un rassemblement dissident mais inclusif. Son rôle et ses missions sont bien plus décrits que ceux du coven officiel de la reine, qui reste malheureusement un mystère alors qu’il est normalement au cœur de l’intrigue.

J’aurais vraiment adoré avoir des informations au fur et à mesure. Je pense que j’aurais mieux compris les enjeux, pourquoi le coven de la reine semble si intéressée par Theo, pourquoi certaines d’entre elles l’ont quitté… Par ailleurs, ces mystères qui planent n’apportent pas plus de suspens.

Ce qui est d’autant plus dommage que l’auteur accumulait les bonnes idées, même s’il y avait quelques clichés propres à la littérature fantastique. Il est question d’une prophétie autour d’un enfant aux pouvoirs exceptionnels. Ce dernier va déterminer le sort du monde, car il est le seul qui peut réveiller un démon prêt à tout détruire. Ce sont autant d’éléments qui auraient pu me plaire, mais dont l’exécution ne m’a pas totalement enchanté. Je l’ai déjà évoqué, mais le manque de suspens et de tension a quelque peu joué en sa défaveur. L’écriture reste trop adolescente à mon goût, alors que les personnages principaux sont des adultes. Il y avait matière à mettre en place un univers plus sombre.

Je n’ai pas vraiment accroché aux personnages principaux, ce groupe d’amies et de sorcières que le temps a éloigné et placé sur des chemins différents. J’ai eu quelques difficultés à les fixer dans mon esprit. La seule qui sort du lot est Helena. C’est celle dont je me suis le plus rapidement souvenue, car elle est la grande prêtresse du coven royal et que son rôle est inlassablement répété. Ce n’est pas grâce à son caractère ou autre. L’autre personnage dont je me souviens est Leonie. J’ai apprécié cette dernière, qui apporte une pointe de diversité, mais j’ai trouvé que l’auteur en faisait un peu trop un faire-valoir pour les minorités.

Je reste déçue par ce roman sur lequel j’avais quelques espoirs… Le deuxième tome, The Shadow Cabinet, est sorti, mais ça sera sans moi, pour le coup. Je repars à la recherche d’un roman autour des sorcières qui soit un coup de cœur absolu…

Culture / Wednesday

A présent étudiante à la singulière Nevermore Academy, Wednesday Addams tente de s’adapter auprès des autres élèves tout en enquêtant à la suite d’une série de meurtres qui terrorise la ville…

2022 n’a pas été une année incroyable pour les films et séries que j’ai pu voir. Aucun ne m’a profondément marqué ou n’est sorti du lot, à part Wednesday… J’attendais avec impatience cette série, étant une grande fan de La Famille Addams. Et si en plus Tim Burton est de la partie… Je signe tout de suite.

Ces deux univers fonctionnent à merveille ensemble, car ils sont relativement proches. Pour autant, dans cette série, ils gardent également leurs spécificités propres. La famille Addams est une famille un peu particulière, mais qui, dans les séries et les divers films, est toujours montrée comme totalement normale. Au contraire, les autres apparaissent comme les monstres, intolérants, car n’acceptant pas la différence. Je pense que c’est là où réside la plus grande force de cette famille, qui reste toujours d’actualité, même près de 90 ans après la première série.

De l’univers de Tim Burton, je retiens surtout les yeux disproportionnés du monstre, motif que l’on retrouve énormément dans son œuvre. Cependant, il y a aussi d’autres influences que j’ai adoré retrouver et qui sont notamment plus en lien avec la littérature. En effet, il est question d’Edgar Allan Poe, de Robert Louis Stevenson, mais également de Stephen King, car la scène du bal me rappelle une scène de Carrie.

Deuxième point que j’ai adoré dans cette série… Les musiques ! Je suis très sensible à ces dernières dans un film ou une série. Les choix faits pour Wednesday étaient absolument parfaits et viennent au bon moment pour renforcer l’atmosphère. J’ai adoré, par exemple, The Goo Goo Muck de The Cramps, qui pointe magistralement vers le coupable en écoutant bien les paroles. Cependant, on s’en rend compte que dans les derniers épisodes.

Il y a aussi une autre chanson que j’adore et écoute en boucle depuis des années, Paint it black, originellement chantée par The Rolling Stones. J’ai plusieurs versions de cette chanson dans mes playlists, car elle revient régulièrement dans les films et séries : dans la première saison d’Hunters (Amazon) dans sa version originale, Ciara l’a reprise pour le film Chasseur de sorcières, Ramin Djawadi pour Westworld dans une version instrumentale. Dans Wednesday, c’est une version (incroyable elle aussi) au violoncelle. Elle a un côté intemporel qui peut s’adapter à toutes les ambiances.

L’intrigue de cette première saison m’a énormément plu et tenu en haleine. La toute première scène est rassurante, même si je me doutais que Tim Burton pouvait difficilement se tromper avec cet univers. Mais, dès les premières minutes, c’est définitivement la famille Addams et Wednesday… Le tout avec une autre chanson incroyable en prime, Non, je ne regrette rien d’Edith Piaf qui montre son potentiel pour une scène d’action. Par la suite, j’ai enchaîné les épisodes avec ma petite sœur en deux soirées. Impossible de s’arrêter, on voulait toujours aller plus loin. Il y a énormément de suspens et de mystères dont je souhaitais rapidement connaître le dénouement. C’est dynamique, avec plein de rebondissements. J’ai apprécié qu’il y ait plusieurs histoires connectées, de découvrir leurs liens. Il y a de nombreuses fausses pistes tout au long des épisodes pour savoir l’identité de la créature, par exemple.

Ma seule petite déception concernant la série reste le générique. Ils n’ont pas utilisé la chanson traditionnelle de La Famille Addams avec le double claquement de doigts qui est, pour moi, un élément essentiel que j’espérais retrouver. Le double claquement est bel et bien présent dans la série, à un moment que je n’attendais plus.

J’ai adoré la version que propose Jenna Ortega de Wednesday Addams, l’ayant trouvé impressionnante dans ce rôle qui semble être fait pour elle. Elle montre peu d’émotions, à part quand elle réalise un méfait ou auprès de son oncle Fétide. Elle se laisse aller à un sourire. Elle cligne quasiment jamais des yeux. Une mention toute particulière pour les tenues qu’elle porte et que j’ai trouvé ultra inspirante. Elle m’a donné des idées de looks. J’ai été ravie aussi de retrouver Christina Ricci, qui a également tenu ce rôle et Gwendolyne Christie qui est magnifique dans cette série. Je n’aurai jamais pensé que Catherine Zeta-Jones ferait une excellente Morticia Addams, mais elle m’a clairement prouvé le contraire dans cette première saison.

L’attente pour la deuxième saison va être longue. Cette première a été une véritable réussite. Avec Netflix, cela peut donner parfois du très bon, comme du plus mauvais. Cependant, le pari est réussi.

Culture / Catch her when she falls d’Allison Buccola

Catch her when she falls • Allison Buccola • 2022

When Micah Wilkes was a senior in high school, her boyfriend was convicted of murdering her best friend, Emily. A decade later, Micah has finally moved on from the unforgivable betrayal and loss. Now the owner of a bustling coffee shop in her small hometown in Pennsylvania, she’s happily coupled up with another old high school friend, the two having bonded over their shared sorrow.

But when reminders of her past begin appearing at her work and home, Micah begins to doubt what she knows about Emily’s death. Questions raised on a true crime blog and in an online web sleuthing forum force her to reexamine her memories of that fateful night. She told the truth to the investigators on the case, but was there another explanation for Emily’s murder? A stranger in the woods. An obsessive former classmate. Or the internet’s favorite suspect: Joshua, Emily’s outcast younger brother who hasn’t been seen since his sister’s death.

As Micah delves deeper into the case, she feels her grip on reality loosening, her behavior growing more and more secretive and unhinged. As she races to piece together the truth about that night ten years ago, Micah grapples with how things could have gone so wrong and wonders whether she, too, might be next to disappear.

Après avoir terminé le mois autour de la notion d’hanté, je retrouve ma thématique annuelle Dangereuses universités. Je ne me limite pas qu’aux universités, allant également explorer du côté des lycées et pensionnats. Catch her when she falls rentre dans cette dernière catégorie.

L’intrigue est relativement classique, sans beaucoup d’originalité. Cependant, ça peut fonctionner avec un style d’écriture irréprochable. Pour en revenir à l’histoire, l’auteur utilise des thèmes déjà bien usités. Il est question d’un groupe d’amis qui ne sont pas aussi soudés et proches que les apparences le suggèrent. À cela s’ajoutent également un coupable, qui ne semble pas être le bon et qui clame son innocence depuis des années. Pour moi, les ingrédients n’ont pas pris.

Je pense que cela tient surtout à l’écriture. Je n’ai pas du tout apprécié l’écriture. Le changement de temporalité n’apporte strictement rien. Les parties les plus intéressantes sont celles se déroulant durant l’adolescence de Micah. C’est là que le cœur du mystère réside, en montrant les relations entre les personnages, les secrets enfouis et les non-dits. L’autre partie concerne le road-trip de Micah vers une personne et une destination inconnue, mais qui semblent importantes alors que l’enquête est réouverte.

Les deux intrigues peuvent apporter séparément du suspens. Que s’est-il réellement passé ? Qui a menti ? Qui est cette mystérieuse personne que Micah espère voir ? Cependant, le tout retombe comme un soufflé. Il n’y a aucun mystère qui donne envie de continuer, d’aller plus loin dans l’intrigue. Il manque une étincelle pour donner un coup de fouet, dynamiser le tout. Surtout que les va-et-vient cassent le rythme et perdent un peu le lecteur.

Les parties dans le présent suivent les pensées de ce personnage principal… Qui n’est pas des plus passionnants à suivre. Elle passe le plus clair de son temps à geindre que sa vie est gâchée à cause de la mort d’Emily et qu’elle est mal vu dans sa ville natale depuis, car elle aurait menti… Il y a quand même eu un mort et une personne qui a été accusée apparemment à tort du meurtre. Pour elle, elle détient la vérité absolue et elle tire trop rapidement des conclusions.

Au final, mis bout à bout, ces éléments m’ont donné du fil à retordre. Dès que je le mettais de côté, il était de plus en plus difficile d’y revenir. J’ai fini par abandonner avant de connaître le fin mot de l’histoire.

Culture / La Villa aux étoffes d’Anne Jacobs

La Villa aux étoffes • Anne Jacobs • 2014

À Augsburg, près de Munich, en 1913, la jeune Marie est embauchée en cuisine à la Villa aux étoffes, la résidence des Melzer, propriétaires d’une imposante usine de textile. Alors que la jeune orpheline tente de tailler sa place parmi les serviteurs, les maîtres anticipent le début de la saison des bals hivernaux qui permettra à la belle Katharina, la cadette de la famille, de briller de tous ses feux en société. Paul, l’héritier principal, se tient loin de ce genre de mondanités, car il préfère de loin sa vie d’étudiant à Munich. Du moins jusqu’à ce qu’il croise Marie… Lorsque la Première Guerre mondiale déchire l’Europe et le reste du monde, la Villa et ses habitants seront aux premières loges du conflit et subiront des bouleversements dont les effets feront trembler toute la maisonnée, l’usine ainsi que ses employés. De quoi l’avenir de Marie et de tous ces gens qui sont devenus sa famille sera-t-il fait ?

J’ouvre enfin le bal de ce mois consacré à la littérature allemande avec une série historique bien connue, La Villa aux étoffes. Elle comporte cinq tomes publiés en France. Elle me tentait énormément, appréciant les grandes sagas familiales historiques, surtout sur cette période précise.

En effet, l’intrigue commence quelques mois avant le début de la Première Guerre mondiale. J’aime ce moment précis où tous les repères d’une société vont s’effondrer et où toutes les cartes vont être redistribuées. J’ai l’habitude de lire autour de ce moment crucial, mais du côté de la Grande-Bretagne, comme L’été avant la guerre de Helen Simonson. J’ai moins l’habitude d’en lire se déroulant en Allemagne aristocratique par la mère et celle des industriels par le père, et leurs domestiques. Cela permet de brosser un rapide tableau de la société allemande avant le début de la guerre dans la ville d’Augsbourg.

Il y a un petit air de Downtown Abbey dans ce roman où la villa pourrait être un personnage à part entière. C’est sous son toit que les domestiques et la famille se croisent, que les grands et petits moments sont vécus, que les drames se nouent. L’auteur montre bien les dynamiques entre ces différents groupes, leurs relations, leurs ambitions, notamment celle d’une certaine ascension sociale pour les domestiques. Dès les premières pages, le lecteur sent que l’atmosphère est lourde de secrets et de non-dits entre les murs de cette demeure.

Cependant, rien ne m’a réellement donné envie d’explorer les secrets enfouis des habitants. L’un des plus grands concerne l’identité de Marie, le personnage principal de ce premier tome. Elle semble lier d’une quelconque manière avec cette riche famille, mais il a clairement manqué une étincelle pour m’y intéresser. Globalement, cela a été le cas durant ma lecture. Il se laisse lire, mais sans plus. Anne Jacobs n’a jamais réussi à piquer ma curiosité, à éveiller mon intérêt pour les différents personnages, principaux comme secondaires, et pour leurs destins. Il faut dire que le roman présente quelques longueurs aussi. Il aurait mérité quelques pages en moins.

J’ai eu du mal à accrocher avec les personnages. Ils ne sont pas mémorables et ils manquaient quelque peu de développement. Je les ai vraiment vu comme déterminés par une qualité ou un défaut, ou des archétypes. Marie est fière, Paul est le stéréotype même de l’étudiant riche, mais flemmard, constamment fauché et qui veut profiter de la vie, faire la fête… Il manque un peu de suspens, car le lecteur attentif peut déjà deviner la trajectoire de la plupart d’entre eux. La surprise est relativement absente.

Belle déception pour ce roman qu’il me tardait pourtant de lire. L’aspect historique et social est parfait, bien développé et c’est clairement ce que j’attendais. Dommage que l’écriture et les personnages n’ont pas été à la hauteur de mes espérances. J’avais prévu la lecture du deuxième tome, mais, du coup, ça ne se fera pas.

Culture / Mini-chroniques #1. Spécial Hanté, Première partie

Quelques ouvrages lus pour ce mois thématiques, mais dont je n’avais pas le temps ou l’inspiration d’en faire une chronique aussi détaillée que d’habitude.

Nothing but blackened teeth • Cassandra Khaw • 2021

A Heian-era mansion stands abandoned, its foundations resting on the bones of a bride and its walls packed with the remains of the girls sacrificed to keep her company. It’s the perfect wedding venue for a group of thrill-seeking friends. But a night of food, drinks, and games quickly spirals into a nightmare. For lurking in the shadows is the ghost bride with a black smile and a hungry heart. And she gets lonely down there in the dirt.


Il est plutôt rare que je lise des nouvelles, mais, cette année, j’ai tenté plusieurs fois l’aventure. Avec plus ou moins de bonheur. Celle-ci, par exemple, ne m’a pas laissé un souvenir impérissable. Pourtant, l’idée de départ m’a plu : une maison hantée, un week-end de festivités, un esprit vengeur… Ce n’est pas tant la manière dont ces dernières sont développées ou exécutées qui m’a dérangé que les personnages. J’ai eu du mal avec eux dès le départ pour plusieurs raisons. Ils sont peu introduits et il est difficile de les fixer ainsi que les relations entre eux, rapidement. C’est d’autant plus compliqué qu’il y a beaucoup de dialogues et que l’auteur nous plonge directement dans l’intrigue. Par ailleurs, je crois qu’ils comptent comme les personnages les plus détestables que j’ai pu lire cette année.

The death of Jane Lawrence • Caitlin Starling • 2021

Practical, unassuming Jane Shoringfield has done the calculations, and decided that the most secure path forward is this: a husband, in a marriage of convenience, who will allow her to remain independent and occupied with meaningful work. Her first choice, the dashing but reclusive doctor Augustine Lawrence, agrees to her proposal with only one condition: that she must never visit Lindridge Hall, his crumbling family manor outside of town. Yet on their wedding night, an accident strands her at his door in a pitch-black rainstorm, and she finds him changed. Gone is the bold, courageous surgeon, and in his place is a terrified, paranoid man—one who cannot tell reality from nightmare, and fears Jane is an apparition, come to haunt him.

By morning, Augustine is himself again, but Jane knows something is deeply wrong at Lindridge Hall, and with the man she has so hastily bound her safety to. Set in a dark-mirror version of post-war England, Starling crafts a new kind of gothic horror from the bones of the beloved canon. This Crimson Peak-inspired story assembles, then upends, every expectation set in place by Shirley Jackson and Rebecca, and will leave readers shaken, desperate to begin again as soon as they are finished.


Ce roman rentre parfaitement dans cette catégorie, car il évoque à la fois une maison hantée par des êtres surnaturels, mais aussi la deuxième définition. À cela s’ajoute des secrets de famille bien enfouis… Cependant, The Death of Jane Lawrence est un ouvrage que je n’ai pas apprécié outre mesure. Il manquait d’originalité. Ayant l’habitude de lire des romans aux ambiances gothiques et adorant ce type de films, il est dans une ligne classique, sans surprise. Il se laisse lire, mais, pour ce mois-ci, j’en ai lu d’autres qui lui ressemblent, mais en plus originaux.

The Haunting of Brynn Wilder • Wendy Webb • 2020

After a devastating loss, Brynn Wilder escapes to Wharton, a tourist town on Lake Superior, to reset. Checking into a quaint boardinghouse for the summer, she hopes to put her life into perspective. In her fellow lodgers, she finds a friendly company of strangers: the frail Alice, cared for by a married couple with a heartbreaking story of their own; LuAnn, the eccentric and lovable owner of the inn; and Dominic, an unsettlingly handsome man inked from head to toe in mesmerizing tattoos.

But in this inviting refuge, where a century of souls has passed, a mystery begins to swirl. Alice knows things about Brynn, about all of them, that she shouldn’t. Bad dreams and night whispers lure Brynn to a shuttered room at the end of the hall, a room still heavy with a recent death. And now she’s become irresistibly drawn to Dominic—even in the shadow of rumors that wherever he goes, suspicious death follows.


Je ne m’attendais pas à ce type d’histoire en le commençant. Je pensais à un roman plus tourné vers l’horreur. En tout cas, le résumé et la couverture le laissaient penser. Il reste tout de même dans la thématique, car il y a cette idée d’être hanté par son passé, tout comme le personnage principal, Brynn Wilder. Cependant, après la première déception, j’ai réussi à me laisser porter par ce roman. L’humain est au cœur de l’intrigue et non l’action. Il y a différentes relations humaine qui sont développés, et elles sont toutes touchantes et attendrissantes. Chaque personnage est attachant, pas uniquement le principal.

Il y a tout de même des touches de fantastiques, mais le roman n’est pas qualifié d’horreur. En effet, il ne fait absolument pas peur. Les rares passages où ils interviennent sont plus là pour rappeler à Brynn que la vie est courte et qu’elle doit abandonner ses regrets. Néanmoins, j’ai eu un peu de mal avec la justification donnée. J’ai trouvé ça un peu tiré par les cheveux et ça m’a quelque peu déçu.

The burning girls • C.J. Tudor • 2021

Welcome to Chapel Croft. Five hundred years ago, eight protestant martyrs were burned at the stake here. Thirty years ago, two teenage girls disappeared without a trace. And two months ago, the vicar of the local parish killed himself. Reverend Jack Brooks, a single parent with a fourteen-year-old daughter and a heavy conscience, arrives in the village hoping to make a fresh start and find some peace. Instead, Jack finds a town mired in secrecy and a strange welcome package: an old exorcism kit and a note quoting scripture. « But there is nothing covered up that will not be revealed and hidden that will not be known. »

The more Jack and her daughter Flo get acquainted with the town and its strange denizens, the deeper they are drawn into their rifts, mysteries, and suspicions. And when Flo is troubled by strange sightings in the old chapel, it becomes apparent that there are ghosts here that refuse to be laid to rest.

But uncovering the truth can be deadly in a village where everyone has something to protect, everyone has links with the village’s bloody past, and no one trusts an outsider.


C.J. Tudor et son roman The burning girls me faisaient envie depuis un moment. Ce n’est pas la lecture escomptée, je l’avoue. Le livre semble, en définitif, être bien plus un policier. En effet, le personnage principal arrive dans un petit village du Sussex au passé sanglant. Mon gros reproche est qu’il y a trop d’intrigues en même temps. Elles sont relativement faciles à suivre, mais elles laissent tout de même l’impression de partir dans tous les sens, avec parfois, en plus, des touches de fantastique. Or, certains fils rouges sont mieux exploitées que d’autres et, à la fin, l’auteur tente tant bien que mal de raccrocher les wagons ensemble.

Je m’attendais à un roman plus tourné vers l’horreur. L’histoire autour des « burning girls » s’y prêtaient à merveille. Le titre semblait les mettre au cœur de l’intrigue et les premières pages allaient quelque peu dans ce sens, avant d’être mis sous le tapis, pour être ressorti maladroitement dans les dernières pages. Je me suis sentie un peu flouée, pour être honnête.

Culture / The Children on the hill de Jennifer McMahon

The Children on the hill • Jennifer McMahon • 2022

1978: at her renowned treatment center in picturesque Vermont, the brilliant psychiatrist, Dr. Helen Hildreth, is acclaimed for her compassionate work with the mentally ill. But when she’s home with her cherished grandchildren, Vi and Eric, she’s just Gran—teaching them how to take care of their pets, preparing them home-cooked meals, providing them with care and attention and love.

Then one day Gran brings home a child to stay with the family. Iris—silent, hollow-eyed, skittish, and feral—does not behave like a normal girl.

Still, Violet is thrilled to have a new playmate. She and Eric invite Iris to join their Monster Club, where they catalogue all kinds of monsters and dream up ways to defeat them. Before long, Iris begins to come out of her shell. She and Vi and Eric do everything together: ride their bicycles, go to the drive-in, meet at their clubhouse in secret to hunt monsters. Because, as Vi explains, monsters are everywhere.

2019: Lizzy Shelley, the host of the popular podcast Monsters Among Us, is traveling to Vermont, where a young girl has been abducted, and a monster sighting has the town in an uproar. She’s determined to hunt it down, because Lizzy knows better than anyone that monsters are real—and one of them is her very own sister.

Des ouvrages présentés pour la thématique mensuelle, The Children on the hill est clairement mon plus grand coup de cœur. Il explore surtout la deuxième définition du mot « hanté » : être hanté par le passé, les regrets… Le roman est plus un thriller psychologique, mais qui donne quelques sueurs froides au passage.

Étant très sensible aux ambiances mises en place dans un roman, c’est souvent le premier point que j’évoque. C’est aussi une des plus grandes réussites de ce livre. Elle est creepy à souhait et elle est renforcée par le lieu où une partie de l’histoire se déroule : un hôpital psychiatrique, cachant bien de terribles mystères. L’atmosphère est vraiment noire et ne va pas en s’améliorant au fil des pages, puisque les secrets se révèlent progressivement. Les monstres ne sont pas toujours ceux que l’on croit. L’auteur rend un bel hommage à la littérature fantastique, remplie de monstres en tous genres. Rien que pour l’atmosphère qui se dégage entre les pages, il faut découvrir ce roman.

À cela s’ajoute une intrigue incroyable, construite sur un va-et-vient entre le passé et le présent, entre l’enfance des trois enfants et leurs vies d’adultes. C’est une des rares fois où j’ai apprécié ces changements de temporalités et de points de vue. Ils ne desservent absolument pas l’histoire, bien au contraire. Ils renforcent le côté creepy que j’ai déjà évoqué, mais également le suspens. En effet, avec la partie se déroulant dans le présent, le lecteur sait qu’un événement dramatique est survenu dans l’enfance des personnages. Mais quoi ? Il y a pas mal de questions qui se posent et qui trouveront, petit à petit, leurs résolutions.

Par ailleurs, le roman m’a tenu en haleine du début à la fin, ayant eu une courte nuit pour pouvoir le terminer. Il est impossible à lâcher. Le suspens et la tension sont omniprésents et parfaitement maîtrisés, pour mon plus grand bonheur. Les éléments de réponses sont donnés au compte-goutte, relançant constamment mon intérêt pour l’intrigue et le destin des personnages. Plus j’avançais dans l’histoire, plus mon sang se glaçait. J’ai échafaudé des théories, épuisant bien des pistes, mais sans succès. La révélation finale m’a vraiment prise de court et elle m’a clairement fait l’effet d’une bombe, me coupant le souffle. Elle est surprenante et tout aussi sombre que le reste. Ce retournement de situation est époustouflant et remet tout en perspective.

Une autre force de ce roman réside dans les personnages. Les trois enfants sont attachants dès le départ. La tendresse que le lecteur peut ressentir pour eux ne cesse d’augmenter au fur et à mesure. Ils sont très bien construits et nuancés, avec leurs traumatismes, leurs rêves et espoirs. Leur évolution est compréhensible quand le lecteur les retrouve à l’âge adulte.

Je ne connaissais pas du tout cette autrice avant de me lancer dans ce thriller. Ce dernier est incroyable et prenant. Je pense me pencher sur d’autres de ses écrits pour savoir si elle n’en a pas d’autres dans cette veine.